Vaisselle sale et coeurs brisés.
La prépa, c'est bien. Mais c'est dur aussi.
Enfin ça le deviendra, d'ici quelques semaines, quand les devoir de cinq heures, colles et autres réjouissances seront définitivement mis en place.
En attendant, c'est la vie à côté, et sa foultitude de dommages collatéraux qui s'avèrent imbuvables.
D'abord, il y a la vaisselle. J'ai beau la faire, et la re-faire, mon évier ne cesse de déborder, le jour, la nuit, et même le reste du temps. La vaisselle s'ammoncelle, et rien qu'en la regardant, je sens que plus une once de courage n'aurait l'audace de se manifester. Je continue donc de la regarder. Cruellement dépitée.
Il y a également toutes ces autres choses qui feront que jamais je ne deviendrai une ménagère parfaite, parce que je rechigne un peu trop à me pencher sur ces questions. J'ai nommé la lessive, la serpillère, ces saletés de vitres qui se resalissent à la vitesse de l'éclair. Le reste aussi. Mais je m'en fiche après tout, j'adore passer l'aspirateur dans mon salon, et ça me suffit pour l'instant.
Je suis nulle en introductions. Alors ne m'en veuillez pas de commencer par des considérations ménagères, pour arriver à l'essentiel. Ni vous ni moi n'ignorions qu' Action man... voilà quoi. Ni vous ni moi n'ignorions les cris, les larmes et les coups. Ni même la nécessité de passer à autre chose, juste pour me préserver un tant soit peu, parce que l'amour est censé être quelque chose de beau, et qu'à trop tolérer on s'oublie plus qu'on ne le voudrait.
Nous savions aussi que la prépa, c'était prenant, et même plus encore. Que les couples du lycée ne sont pas faits pour y survivre. Et que, nous concernant, ce n'était peut-être pas plus mal.
Ce que j'imaginais moi, c'est que dix petits jours de séparation nous suffiraient.
Il est arrivé hier, il a crié, insulté, le reste aussi.
Et puis aujourd'hui, aussi.
Je le regardais. Voilà.
C'est peut-être une des rares fois où je n'ai pas jugé utile de me jeter à ses genoux, de pleurer ou de hurler. Parce que ça ne venait pas.
Je ne l'ai pas supplié. Je ne lui ai pas dit que je l'aimais, non plus.
C'est presque comme si je m'en foutais. Presque.
Peut-être que la passion n'existe plus en prépa. Ni la connerie.
J'ai des envies de romantisme à la con. De me rouler par terre en hurlant de douleur, de sentir mon ventre me brûler et les larmes innonder mes yeux. J'ai envie de l'appeler un bon millier de fois, pour qu'il comprenne et qu'il revienne.
Je voudrais être une montagne de douleur, et me répandre en une avalanche de larmes, comme tous ces jours de crise.
Mais non.
J'ai peut-être atteint une limite. Sans doute même, et peu importe de laquelle il s'agit.
Peut-être aussi que c'est la bonne cette fois. Et que rien ne sert de finir six pieds sous terre.
Je crois que ni lui, ni nos disputes ne m'ont manqué ces dix derniers jours. Et que cette toute petite raison fait que cela ne fait pas si mal que ça, parce que je l'attendais.
Mais je crois aussi, que ça aurait fait un an le 22 septembre, et que d'un coup, cela fait très vide.
Je ne suis pas vraiment amère.
Une larme roule.
C'est un peu dur de laisser derrière soi quelque chose en quoi on s'était véritablement donné la peine de croire. Peut-être parce qu'on ne s'arrache pas quelqu'un du coeur, juste comme ça.
[Par pitié, les filles, n'exultez pas.]
Sinon, hier, grande soirée pour clôturer la fin du bizutage.
J'ai eu le grand honneur d'être nommée Bizue Térus (alias Calor) de l'hypokhâgne. Mon nouveau rôle consiste à échapper un "Hmmm, Calooor!!" à chaque allusion salace de l'un de mes profs ou congénères. Autant dire qu'avec le thème de cette année en cours de culture antique, l'Eros, je risque d'avoir du pain sur la planche!
Ca a l'air con, comme ça. Mais je suis ravie. Pour de vrai.
[Là, vous pouvez exulter!]
Je m'en vais noyer mes bribes de chagrin dans du Platon.
C'est destructeur de comprendre que ceux qui prétendent que la vie continue ont raison.
**Pensée du jour : Il faudrait que je m'empêche de penser à tout ce qui était bien, malgré tout. Parce que la nostalgie, ça fait mal.